Portraits, John Berger à vol d'oiseau

Ce livre réunit tous les textes de John Berger sur les artistes, et il mérite pour cette seule raison la plus grande attention. Il est, nous dit Tom Overton, comme son autoportrait. Il est, pourrait-on dire aussi, son histoire de l'art. Le reste se passe derrière les rideaux : c'est l'hommage que nous lui rendons.
Peu importe que ce livre en réalité ne soit pas exactement un livre de John Berger. Qu'il soit aussi un détournement. Un détournement d’éditeur. Que tout y soit un peu faux, presque complètement machiné. Que tout ou presque y ait été arraché à son contexte, déplacé, numéroté. Qu'ici des morceaux aient été isolés, prélevés à un roman, d’autres à une pièce de théâtre, à une correspondance. Que d’autres encore soient des fragments d’une monographie plus importante, ou des fragments constitués déjà montés, autrement, par John Berger lui-même dans d’autres anthologies. Que le titre ne soit pas tout à fait le titre, qu'il ait détrôné l’auteur, lequel s’est glissé ailleurs. Dans ce lieu sans date où les vivants et les morts cohabitent. Ce point du temps où s’écrit toute vie.


Avertissement de l'auteur:

J’ai toujours détesté être qualifié de critique d’art, même si le terme est justifié : pendant dix ans, j’ai régulièrement écrit dans la presse sur des artistes, des expositions ou des présentations dans des musées.
Mais dans le milieu où j’ai grandi à partir de mon adolescence, qualifier quelqu’un de critique d’art était une insulte. Un critique d’art était un individu pontifiant, qui portait un jugement sur des choses qu’il connaissait mal, voire pas du tout ; pas aussi nocif qu’un marchand d’art, mais un emmerdeur.
Je vivais dans un milieu d’artistes de tous âges, peintres et sculpteurs, qui luttaient pour survivre et créer l’oeuvre d’une vie tout en ne bénéficiant que d’un minimum de publicité, de louanges ou de reconnaissance éclairée. Ils étaient pleins de ressources, très exigeants et modestes ; les maîtres anciens étaient leurs compagnons de route, ils se critiquaient fraternellement les uns les autres mais ils se foutaient du marché de l’art et de ses promoteurs. Nombre d’entre eux avaient émigré pour des raisons politiques et étaient par nature des hors-la-loi. Ce sont ces hommes et ces femmes qui m’ont formé et inspiré.
Leur influence m’a incité à écrire régulièrement sur l’art au cours de ma longue vie d’écrivain. Mais que se passe-t-il lorsque j’écris – ou tente d’écrire – sur l’art ?
Après avoir vu une oeuvre d’art, je quitte le musée ou la galerie où elle est exposée et je pénètre humblement dans l’atelier où elle a été réalisée. Et là j’attends, espérant en apprendre un peu sur l’histoire de sa fabrication, sur les espoirs, les choix, les erreurs, les découvertes implicites qui font cette histoire. Je me parle à moi-même, je repense au monde à l’extérieur de l’atelier et je m’adresse à l’artiste, que je connais peut-être ou qui est mort il y a plusieurs siècles. Quelquefois, quelque chose qu’il a fait me répond. Il n’y a jamais de conclusion. Parfois, c’est un nouvel espace qui nous laisse tous les deux perplexes. Parfois,c’est une vision qui nous coupe le souffle à tous deux, comme on a le souffle coupé juste avant une révélation.
Ce que cette approche et cette pratique apportent, c’est au lecteur de mes textes d’en juger. Je ne peux rien en dire moi-même. Je suis toujours dans le doute. Mais je suis sûr d’une chose : de ma reconnaissance pour l’hospitalité bienveillante de tous ces artistes.
Toutes les illustrations de ce livre sont en noir et blanc. La raison en est simple : dans la société de consommation où nous vivons, les reproductions en couleurs ont tendance à réduire ce qu’elles montrent à des objets marchands dans des magazines de luxe pour millionnaires imprimés sur papier glacé, alors que celles en noir et blanc restent de simples aide-mémoire.
John Berger
24 mars 2015


  • Le Monde, 11 décembre 2020
    Par David Zerbib

John Berger, le cœur et l'œil d'un peintre

Composé d’une centaine de textes de l’écrivain et critique d’art britannique John Berger écrits entre 1952 et 2016, Portraits respecte l’avertissement laissé par l’auteur, mort en 2017 à l’âge de 91 ans : les illustrations doivent être en noir et blanc et rester « de simples aide-mémoire ». Mais ces images en mode mineur ont pour effet de nous ouvrir les yeux. Associant parfois des reproductions qui court-circuitent les genres et les filiations historiques, elles activent des liens dynamiques entre les œuvres et le fil très personnel, quasi autobiographique, de l’écrivain, qui a traversé près de soixante années en compagnie des artistes. Car l’histoire de l’art, pour Berger, n’est pas « une course de relais des génies ». Elle serait plutôt comme une grande visite d’ateliers, dont ce volumineux recueil serait le récit, entre la grotte Chauvet et l’art contemporain.

L’atelier, ce natif des faubourgs de Londres l’a d’abord fréquenté en tant que peintre, au sortir de ses études artistiques. Consacrant ensuite sa carrière à l’écriture, il confiera : « Mon cœur et mon œil restent ceux d’un peintre. » Cette proximité est palpable dans les jugements qu’il porte sur les œuvres. L’auteur de La Réussite et l’échec de Picasso (Denoël, 1968), d’Art et révolution (Denoël, 1970) et de Voir le voir (Alain Moreau, 1976) n’hésite pas à parler de « talent gaspillé » à propos de Jackson Pollock ou à estimer que nous devrions cesser de nous laisser hypnotiser par le « Grand Guignol » des toiles de Francis Bacon, pour enfin nous « occuper un tant soit peu de la tragédie réelle de notre époque », écrivait-il en 1972.

John Berger n’a pas échappé aux controverses. Loin d’être le fruit d’un jugement de goût subjectif, ses prises de position s’articulent à une perspective théorique d’inspiration marxiste, héritière notamment du théoricien de l’art Max Raphael (1889-1952). Souvent à contre-courant, celui dont le premier roman, Un peintre de notre temps (Maspero, 1978 ; rééd. L’Atelier contemporain, 2019), fut interdit pendant près de vingt ans, plaide pour un art réaliste dont la peinture figurative serait l’incarnation. Qu’on les suive ou non, ses prises de position agitent l’esprit et l’imagination. De Bosch à Randa Mdah en passant par Courbet ou Kahlo, les textes ici réunis le montrent. Servi par un remarquable travail d’édition, cet assemblage parvient à restituer le rythme de cette pensée vivante.

  • Le Monde diplomatique, janvier 2021
    Par Gérard Mordillat

John Berger, le partage du regard

Les éditions L’écarquillé publient une somme, un monument de sept cents pages grand format rassemblant tous les textes sur l’art écrits entre 1952 et 2016 par John Berger. John Berger qui a « toujours détesté être qualifié de critique d’art », admettait que, malheureusement, le terme était justifié pour quelqu’un comme lui : peintre, romancier, essayiste, poète. Un écrivain qui n’avait jamais cessé de s’intéresser à la peinture, la sculpture, au dessin, à la photographie, à l’image dans toutes ses formes. John Berger était mon ami et pas plus que lui je n’aimerais être qualifié de « critique d’art » voire de « critique littéraire » pour parler de ce John Berger à vol d’oiseau un de ces livres merveilleux que l’on peut ouvrir au hasard et se laisser porter par la page qui s’offre à nos yeux. Il y a dans cet ouvrage une ampleur, une générosité, une profondeur comparables à celles de La vie des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes de Giorgo Vasari . La liste des entrées est un véritable feu d’artifice. John Berger s’intéresse aussi bien aux peintres de la grotte Chauvet, qu’à Jean-Michel Basquiat ou à Barcelo ; à ceux du Fayoum qu’à Mantegna ou Bosch ou Holbein ; à Rembrandt, à Zurbaran, à Goya, Brancusi, Michel-Ange, Bacon, Picasso, à… à… impossible de les citer tous ! Berger explore le cœur innombrable de la peinture.

Oublions les réserves : John Berger était un critique d’art mais quel type de critique était-il ? Un Kritik pontifiant et ratiocinant comme s’en moquait René Daumal ? Un malicieux érudit comme Daniel Arasse ? un anthologique comme Gombrich ? Rien de cela. John Berger se considérait comme un conteur. Il écrivait à la première personne, se mettait en scène, interpellait le lecteur, rappelait les conditions de sa rencontre avec telle ou telle œuvre comme un ami vous pose la main sur l’épaule et vous parle sans élever la voix. Je me souviens d’une fête de Noël russe où, l’un à côté de l’autre, debout face à un mur, nous avons discuté très savamment pour savoir si les personnages du Caravage entraient ou sortaient du noir dans ses clairs obscurs. Carravagio était son peintre « préféré » : « Il existe des peintres plus nobles et des peintres à la vision plus ample. Il existe des peintres que j’admire plus et qui sont plus admirables. Mais il n’en existe aucun semble-t-il – car mon choix s’est porté naturellement sur lui – duquel je me sente aussi proche ». Proche parce qu’attentif au peuple, y trouvant ses modèles, étreignant leurs corps, saisissant leurs gestes comme John Berger s’attachera aux travailleurs immigrés (Le 7e homme), aux paysans savoyards (La Cocadrille), à un médecin de campagne (Un métier idéal), et à beaucoup d’autres qui leur ressemblent.

John Berger avait un talent unique pour placer ses analyses picturales dans le contexte économique et social qui avait produit ces œuvres et frotter cette histoire de la peinture au contexte contemporain pour en traquer les différences et les points de rencontre. Pour en faire une lecture politique. Du passé, il faisait un présent qui nous interrogeait. Le présent du regard dont il explorait la galaxie. Dans un de ses premiers livres publiés en France, La réussite et l’échec de Picasso , John Berger fit scandale en défendant l’idée que Picasso avait aussi peint des croûtes ; qu’il n’avait jamais été meilleur que dans l’adversité, quand Juan Gris, Braque ou Matisse l’admiraient mais ne rendaient pas les armes devant lui. Le drame de Picasso – si l’on veut - fut d’avoir été confit dans l’admiration et de ne pas avoir eu à affronter un Jules II qui l’aurait contraint à se surpasser en peignant une chapelle Sixtine. Dans Art et révolution, Berger analysait la signification d’un art révolutionnaire en URSS à partir de l’œuvre du sculpteur soviétique Ernst Neisvestny condamné dans son pays pour ses vue « décadentes et anti-patriotiques ». Dans cette voie lactée de la représentation, il faut compter son magistral essai sur la photo Une autre façon de raconter sans oublier Voir le voir , écrit à partir d’une série d’émissions de la BBC sur le rapport entre le langage et le voir ; notamment dans l’usage contemporain des images dans la publicité.

John Berger nous apprend à voir comme il faut apprendre à lire. Marxiste, humaniste, révolté, la poésie et la peinture s’allumaient pour lui de feux réciproques…

        On ne découvre la vraie clarté
        qu’au bas de l’escalier
        au souffle de la porte.
        René Char
  • L'Humanité, 5 janvier 2021
    Par Sophie Joubert

John Berger : "Ce que voir signifie"

Les éditions L’écarquillé ont réuni pour la première fois en français les textes sur l’art de l’écrivain, peintre et critique anglais mort en 2017. Les écrits dessinent le portrait d’un conteur libre et engagé toujours au plus près des démunis.

À l’origine, c’est peut-être une fugue qui a déterminé le rapport de John Berger à l’art. En 1942, âgé de 16 ans et souhaitant devenir peintre, il s’évade de l’internat où il est enfermé et se réfugie à Oxford chez un professeur d’art nommé Shepherd (« berger » en anglais), féru de l’œuvre de Cézanne. Pendant les dix jours où il reste caché, il dévore essais, biographies d’artistes et textes critiques sur l’art rangés dans la pièce où il dort. Après son service militaire, effectué pendant la Seconde Guerre mondiale, il intègre la Central School of Arts de Chelsea et vit au milieu d’artistes, souvent exilés, qui ont sur lui une influence décisive.
Romancier, poète, peintre et dessinateur, John Berger a toujours refusé d’être qualifié de critique d’art et d’en faire un métier, même si cette activité a occupé dix ans de sa vie. « Dans le milieu où j’ai grandi à partir de mon adolescence, qualifier quelqu’un de critique d’art était une insulte », écrit-il dans la préface de Portraits, John Berger à vol d’oiseau, un volume de plus de sept cents pages où les œuvres reproduites en noir et blanc, sont « de simples aide-mémoire », selon le souhait de l’auteur.

De la grotte Chauvet à la Palestine
Écrits entre 1952 et 2016, les 145 portraits d’artistes, dont certains sont inédits, composent une histoire de l’art personnelle qui commence avec les peintres de la grotte Chauvet et s’achève avec la Palestinienne Randa Mdah, née en 1983. On peut les lire dans cet ordre, préférer la chronologie de leur écriture ou vagabonder d’un peintre à l’autre. Ce qui frappe d’abord, c’est la manière dont John Berger opère des rapprochements, comment il se réfère par exemple à un tableau de Magritte pour parler des bustes des kouros (« jeunes hommes ») de l’Antiquité grecque. Osant les comparaisons impertinentes, il n’hésite pas à évoquer Hollywood ou l’artiste contemporain Damien Hirst pour faire comprendre l’influence sur l’œuvre de Raphaël du mode de production en atelier.
À la critique académique, au commentaire érudit, John Berger préfère une approche libre et iconoclaste, qui ouvre la voie au spectateur et au lecteur. Comme le relève le Britannique Tom Overton, à l’origine du projet et de l’édition anglaise du livre, l’auteur de G. se considérait comme un conteur. C’est d’ailleurs dans ce « style direct et oral propre à la forme très ancienne de discours qu’est le conte » qu’il s’adressait aux spectateurs de la série Ways of Seeing (Voir le voir) qu’il animait sur la BBC dans les années 1970. Souvent écrits à la première personne du singulier, les textes racontent une histoire, partent d’une rencontre ou s’appuient sur un élément autobiographique : les moments passés à Londres avec la peintre et graveuse britannique Prunella Clough dans l’atelier que John Berger occupait dans la maison du pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott, un dialogue sur la mort avec le sculpteur Ossip Zadkine, la visite avec sa fille, Katya Berger, de la chambre des Époux du palais ducal de Mantoue, dont les murs et le plafond ont été peints à la Renaissance par Mantegna. Une expérience inouïe qui a donné lieu à une lecture mise en scène en 2012 par Simon McBurney au Festival d’Avignon.

Des figures d’hérétiques et d’exilés
On retrouve dans ce livre en forme d’autoportrait les thèmes chers à l’écrivain : la solidarité avec les plus démunis et le souci de la dignité humaine, les figures d’hérétiques et d’exilés, la proximité avec les militants noirs et le peuple palestinien. Marxiste, proche dans sa jeunesse du Parti communiste britannique, John Berger écrit avec une conscience forte de la marchandisation de l’art, qui pousse au suicide un Nicolas de Staël, souligne la fraternité de Courbet et son refus d’ « ennoblir le visible », critique la mondialisation en s’appuyant sur le Jardin des délices de Jérôme Bosch. Dans un article impressionnant consacré à Cézanne, vers qui il n’a cessé de revenir, il met au jour la manière dont l’artiste a déballé sa « boîte noire » pour faire sortir les couleurs et élargir la « corporalité », jusque dans les natures mortes. Avec une grande générosité, John Berger invite à regarder au-delà des apparences, tente de dire l’indicible, tisse un dialogue intime avec les œuvres. On comprend, en le lisant, « ce que voir signifie ».

  • artpress, février 2021
    Par Brice Matthieussent

John Berger, raconter la peinture

Écrivain et penseur de l’image, John Berger fut aussi un critique d’art subjectif et visionnaire, dont plusieurs publications récentes soulignent l’intérêt.

[article disponible en kiosque ou téléchargeable en ligne sur https://www.artpress.com/produit/485-fevrier-2021/]

  • Librairie Ptyx, 1er décembre 2020
    Par Emmanuel Requette

Les histoires viennent à l’esprit pour qu’on les raconte. Il arrive que les tableaux fassent de même.

En 2015, paraissait en anglais, chez Verso, Portraits de John Berger. Très vite, chez les afficionados de l’auteur anglais, ce livre allait devenir une référence centrale, une sorte d’absolu, que l’annonce de la mort de l’auteur, en 2017, n’allait faire que renforcer. Pensé par l’éditeur Tom Overton, Portraits n’est pas à proprement parler un livre de John Berger. Il reprend, en suivant la chronologie de l’histoire de l’art – des peintures de la grotte Chauvet à l’artiste syrienne Rand Mdah – un choix important – la chose pèse ses 662 pages – des textes écrits par l’anglais sur l’art tout au long de sa prolifique carrière. Mais Tom Overton ne s’est pas contenté de reprendre et rassembler des articles de John Berger. On n’est ni dans l’anthologie ni dans le simple recueil de textes critiques. Avec le consentement de l’auteur anglais, l’éditeur a ponctionné, fragmenté, agencé, parfois découpé, dans l’ensemble de l’œuvre. Littéralement, dans l’œuvre, il a composé une autre. Quoi de plus logique quand on connait l’appétence de Berger lui-même pour le fragment et son remploi à d’autres fins, que de donner accès à son œuvre via le rapiéçage.

Portraits est donc bien une Histoire de l’art. On y rencontre, dans une suite chronologique rigoureuse, Bellini, Rembrandt, Renoir, Rouault, Picasso, Clough, etc. Mais on y rencontre aussi, plus intimement que jamais, John Berger lui-même. Empruntant à l’étude savante – mais une étude savante qui n’exclut jamais -, à l’anecdote – on y dit « fuck » à un gardien de musée -, à la fiction, au théâtre, ces portraits forment aussi, en creux, celui d’un des immenses penseurs de notre époque. Et aussi, et surtout, à travers ces jeux de miroirs, c’est, plus fondamentalement encore, du lecteur regardant dont l’auteur dresse une forme de portrait. Comment se construit un regard? Comment aussi, sans doute, est-ce à partir de l’art, c’est-à-dire en portant un regard sur un autre regard, que peut se bâtir un sujet, dans l’autonomie de ses perceptions comme dans le sentiment de faire communauté ? Ce n’est pas l’art-objet-d’étude que nous donne à voir Berger, mais un regard, émerveillé, questionneur, qui le découvre et sait ne pouvoir le découvrir mieux qu’en en rendant compte, en le partageant avec d’autres regards. Chef-d’œuvre éditorial, chef-d’œuvre de littérature, chef-d’œuvre de la pensée, ces Portraits sont indispensables!

Le nombre de vies qui pénètrent la nôtre est incalculable.